Un club "généalogie" au lycée Wittmer

Depuis plusieurs années les élèves du lycée peuvent s’inscrire au club Généalogie, animé par M.Biju-Duval. Il se passe en salle informatique. En effet, les ressources numériques permettent désormais de trouver à portée de clic des informations qu’il fallait parfois des années à collecter. De nombreuses archives sont indexées et l’ensemble de l’ancien état-civil a été mis en ligne sur les sites des archives départementales.

Les élèves qui viennent le font souvent par curiosité

Certains collectionnent les ancêtres (jusqu’à plusieurs milliers !). Mais il n’est pas rare que certains enquêtent sur leur famille parce que celle-ci a connu d’importantes ruptures, qu’il s’agit de reconstituer, 50 ans ou 2 siècles après. Depuis l’ouverture du club, on a ainsi constaté que de nombreux enfants abandonnés de l’Assistance publique de Paris étaient placés dans les fermes de la région jusqu’au XXe siècle. Il n’est pas rare que des élèves aient un aïeul abandonné à Paris, qui a ainsi pu faire souche en se fixant sur place. Retrouver le dossier d’abandon à l’Assistance Publique de Paris (jusqu’à 40 pages retrouvées avec des courriers de la mère prenant des nouvelles) est émouvant. Certains élèves au nom polonais, par les Recensements des Archives du 71, ont retrouvé l’arrivée de leur famille dans la région à St Vallier ou Sanvignes, au quartier des Gautherets (en 1924-25), quand la France recrutait des mineurs : on peut parfois retrouver la ville d’origine en Pologne.

Le Club a résolu plusieurs énigmes

Pourquoi tel élève ne retrouvait pas ses ancêtres (changement de nom) ; pourquoi portait-il un nom qu’il n’aurait jamais dû porter (secret de famille résolu du fait d’une fille-mère au XIXe siècle). Les élèves peuvent se trouver des cousinages entre eux (ce n’est pas rare) ou avec des personnalités : Marguerite-Marie Alacoque, la religieuse de Paray, le comique Christophe Alevêque, et, cette année : Bernard Thevenet (le champion cycliste) ou un top-modèle de Madagascar. Cette année, une élève descendait de l’inventeur de la Draisienne (bicyclette), le baron Karl Drais. L’an dernier, un même élève descendait à la fois d’un faussaire condamné au bagne ayant migré en Algérie et en même temps du roi Louis IX. Beaucoup d’ancêtres nous amènent à l’étranger. Mais le plus émouvant fut cette redécouverte d’une arrière-grand-mère, originaire de Lituanie, gazée à Auschwitz. Il a été possible de retrouver d’autres membres de la famille eux aussi déportés, et les recherches ont permis de reprendre contact avec un cousin que ces événements tragiques avaient isolé : ayant changé de nom de famille après la guerre, il ne savait pas qu’il avait encore de nombreux cousins.

Ainsi, ce club, tout en étant ludique, permet de recréer du lien, et d’élargir les horizons des membres qui peuvent rentrer dans la Grande Histoire par l’intermédiaire de la micro-histoire familiale.

Article proposé par François Biju-Duval, professeur d'histoire-géographie