Le lycée Julien Wittmer à la découverte de la Camargue
Quarante-cinq élèves de Seconde, Première et Terminale générales ont voyagé en suivant le cours du Rhône, de Lyon jusqu’à son delta, du 3 au 7 avril.
Le programme pédagogique pluridisciplinaire associait les langues et cultures de l’Antiquité, l’histoire-géographie et les sciences de la Vie et de la Terre. Dans ses grandes lignes il a permis tout d’abord une approche historique, politique, économique, sociale, artistique et culturelle de la civilisation gallo-romaine, à travers la découverte de vestiges majeurs dont ceux de trois sites classés au Patrimoine mondial de l’Unesco, le théâtre d’Orange, le pont du Gard et la cité d’Arles. Il a permis aussi une réflexion sur les particularismes historiques et géographiques notamment de la région de la Camargue. Il a permis enfin une interrogation au cœur de la Centrale de Bollène sur les énergies renouvelables, hydraulique, éolienne et photovoltaïque, une compréhension lors des visites de la coopérative oléicole de Beaucaire, de la Maison du riz à Albaron, de la cave gallo-romaine du Mas des Tourelles et des salins d’Aigues-Mortes, des mécanismes biologiques mis en œuvre en oléiculture, riziculture, viticulture et saliculture et l’étude d’un écosystème exceptionnel lors des découvertes du Parc naturel de Camargue, classé Réserve de biosphère par l’Unesco. Le voyage s’est clos, au jour de l’ouverture exaltée de la Feria de Pâques, à la Manade Jullian par un déjeuner au pré et une rencontre avec les taureaux et chevaux camarguais avec pour objectif un débat éclairé sur la tauromachie.
Les élèves furent encadrés par leurs professeurs de LCA et HLP, Madame Vassas, d’histoire-géographie, Monsieur Pay, et de SVT, Monsieur Bozon. Ils ont profité avec enthousiasme et curiosité, dans un rapport vivant aux savoirs, d’un voyage dont la richesse et la diversité cherchaient à promouvoir comme facteur de réussite scolaire les valeurs humanistes de la rencontre, du partage et de la culture. Ils remercient le Conseil régional, l’Association des anciens élèves du lycée, et les généreux contributeurs dans le cadre de la tombola qui fut proposée, du soutien financier apporté.
Quelques photographies et paroles et d’élèves, au jour le jour, de site en site :
« La centrale André Blondel de Bollène est un site du patrimoine industriel exceptionnel. La transition énergétique grâce aux énergies renouvelables, nous y croyons… »
« La séduction du mur de scène du théâtre d’Orange a opéré malgré le « gros » mistral … »
« Le Pont du Gard est un ouvrage spectaculaire. Quel génie bâtisseur, ces Romains ! »
« Par la magie de notre guide nous avons fait un bond dans le passé et avons été transportés au 1er siècle au côté d’un gaulois de la cité de Glanum que nous avons accompagné de sa villa au forum, au temple puis en fin de matinée aux thermes. »
« Le Mas des Tourelles : le seul site au monde où l’on produit du vin romain. Le Turriculae par exemple est vinifié selon un texte de Columelle, agronome du 1er siècle. Ainsi, une fois les grappes foulées, les rafles et les peaux passent dans le pressoir. Les dolia (jarre de 400 litres) sont ensuite remplis du moût récolté. Lors de la fermentation l’ajout de fenugrec, d’iris, et plus surprenant encore d’eau de mer donne sa pleine originalité à ce vin. »
« Mon huile préférée, lors de notre dégustation à la coopérative oléicole de Beaucaire fondée en 1924, fut la Picholine. Elle s’observe, se hume, se savoure, c’est une invitation au plaisir des sens ! »
« A la Maison du riz, nous nous sommes gorgés d’énergie en picorant des grains de riz paddy, un « riz non décortiqué » qui a conservé sa balle après battage. »
« Au parc ornithologique du Pont-de-Gau, nous avons appris, parmi mille autres choses, que la couleur des flamants roses vient des pigments caroténoïdes présents dans l’artemia salina, un zooplancton qu'ils consomment, et que dans l’Antiquité, les Romains considéraient la langue des flamants comme un mets délicat. »
« Unus … duo … tres … Avant un spectacle de combat entre un thrace et un mirmillon sur l’arène de l’amphithéâtre d’Arles, nous voilà pendant 50 minutes sans relâche, à l’école des gladiateurs pour un entraînement musclé sous les ordres du laniste. C’est fatiguant le combat d’un gladiateur … mais la discipline mériterait de figurer dans nos programmes d’éducation physique au lycée. »
« Un atelier au sein du Théâtre d’Arles a permis à certains d’entre nous de présenter à nos camarades un spectacle de mime, un genre scénique propre dès le 1er siècle avant J.C à initier par le rire aux représentations théâtrales un public gaulois ne comprenant alors que peu ou pas du tout le latin des acteurs. »
« La visite des Alyscamps, une vaste nécropole établie au 1er siècle le long de la voie Aurelia fut pour nous le prétexte, dans une atmosphère d’« une héroique grandeur », à l’évocation philosophique du « Memento mori » qui nous invite sereinement au « Carpe diem ».
« Si j’avais été une arlésienne du quatrième siècle, j’aurais assurément adopté sans réserve le mode de vie raffiné des colonisateurs pour devenir une belle gallo- romaine jouissant chaque matinée aux Thermes de Constantin du rituel des bains assurant la santé par l’eau « Sanitas per aquam ».
« Lors de la visite du Musée bleu, j’ai particulièrement été sensibilisée au travail nécessaire de restauration et de conservation réalisé sur une pièce avant qu’elle ne soit exposée. Un exemple remarquable de ce travail, scientifique, nous fut donné par l’épave d’un chaland, vieille de près de 2000 ans, découverte à Arles dans les profondeurs du Rhône en 2004, classée aujourd’hui Trésor national. »
« Un temps de partage à la Manade Jullian avec manadier et gardian fut propre à nous amener à mieux comprendre les pratiques tauromachiques et les traditions camarguaises. Beaucoup d’entre nous auraient aimé rester un jour encore et participer à la Féria. »
En conclusion de notre périple nous dirons en Prouvençau que ce fut : « Un viage fiasé pèr de bon bèn » (« un voyage vraiment bien »).
Article proposé par Mme Vassas, professeure de lettres classiques