Voyage en Pologne, Mémoire de la Shoah

Partis de Charolles le dimanche 10 octobre en début d’après-midi, nous sommes arrivés à Cracovie le lundi matin.

Cette journée fut consacrée à notre installation et aux premières découvertes dans cette belle ville au charme slave : la place du marché avec sa halle, la basilique Sainte Marie, l’université Jagellon et les Plantys, parcs qui ceinturent la vieille ville.

Mardi matin, nous retrouvons le bus pour nous rendre à Oświęcim. Sous son nom polonais, cette ville ressemble à tant d’autres. Et pourtant, entre 1940 et 1945, elle fut le théâtre d’une des plus grandes tragédies de l’Histoire. Le camp d’Auschwitz 1 est aujourd’hui un musée qui accueille près d’un million de visiteurs par an. Nous plaçons nos pas dans les traces des déportés qui nous ont précédés sous le célèbre portail « Arbeit macht frei ». La visite guidée est enrichissante et émouvante. Les tas de cheveux, de lunettes, de chaussures… sont bien plus parlants que la moindre explication. La visite se conclut par la dernière chambre à gaz encore debout sur le site.

L’après-midi, la visite de Birkenau est différente tant le site a subi de destructions. Les nazis ne voulaient pas laisser de traces de leurs crimes. L’immense clôture de barbelés entoure une usine de mort de 750 hectares. Des baraquements, il ne reste que les fondations et les cheminées. Certains ont été reconstitués et permettent de mettre en perspective : la totalité des élèves du lycée pouvait tenir dans un seul de ces bâtiments. Au bout des rails, les vestiges des crématoires avec leurs escaliers qui ne font que descendre. L’horreur était au sous-sol. 1,1 million de morts.

Le soir, un temps d’échanges est nécessaire et permet de mettre des mots sur ce que vous venons de vivre.

Mercredi 13 octobre, une pause dans nos visites mémorielles. Nous visitons les mines de sel de Wieliczka, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO. Leur exploitation remonte au Moyen Âge. L’après-midi, c’est l’histoire plus récente de la Pologne qui nous est expliquée avec la visite du quartier stalinien de Nowa Huta.

Le Jeudi est consacré à l’étude de la culture juive avec la visite de Kazimierz, l’ancien quartier juif de Cracovie, de l’usine Schindler et de la recherche des traces de l’ancien ghetto. En soirée, nous assistons à un concert de musique klezmer.

Notre dernier jour nous emmène sur la colline de Wawel où nous visitons la cathédrale et le château. C'est pour nous l'occasion d'en apprendre encore plus sur l'histoire mouvementée de ce pays et de ses relations avec la France, de la reine Anne Jagellon délaissée par le futur Henri III de France qui la trouvait peu à son goût, au dernier roi Stanislas, mort en Lorraine après avoir perdu son trône. Et que dire de ce roi qui selon notre guide « avait un nom imprononçable, parlait 6 langues sans avoir rien d'intéressant à dire et est mort étouffé par un cornichon… »

Nous quittons la Pologne riches de belles découvertes mais aussi avec des questions en tête. Nous avons vu, entendu, tenté de comprendre… Comment, au moment où disparaissent les derniers témoins, poursuivre notre mission de « passeurs de mémoire » ? Comment concilier travail de mémoire et tourisme ?

Selon Montaigne, « les voyages forment la jeunesse »… ils la font aussi réfléchir !

Les élèves et leurs professeurs remercient les organismes qui ont contribué au financement du voyage : la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, la Fédération André Maginot, le Ministère des Armées, la Région Bourgogne Franche-Comté et M Jérémy Decerle, député européen.

Article proposé par David Morel, professeur d'histoire-géographie